Le vélo qui fait voyager

samedi 1 octobre 2016

Les raisins de la colère

20 août 2016

D'abord, ce sont des gouttelettes qui apparaissent comme des perles. Puis elles grossissent et se rejoignent petit à petit pour former des rivières. Bientôt, c'est  un océan de sueur qui recouvre ses avants-bras. D'autres gouttes préfèrent tomber depuis la visière de sa casquettes ou glisser le long de son visage pour lui chatouiller les sourcils et les narines.

Comme l'eau qui irrigue les rizières, la sueur longe ses bras, inonde ses cocottes et imprègne sa guidoline. Puis elle rejaillit au bout de son cintre, comme une source de montagne et tombe en cascade sur le haut de ses sacoches où elle forme des lacs. Ploc ploc ploc...

Mais qu'est-ce que cette flotte sur ma sacoche? Put..., c'est ma sueur?!!
風呂 a chaud. Il n'est que 7h00 du matin.

Comme tous les jours, ses vêtements sont déjà visqueux de sueur. Il se souvient encore avec horreur de cet employé de ferry qui lui avait posé amicalement la main dans le dos pour lui indiquer la direction à prendre. Ça avait fait "splotch". Il en a des frissons, rien qu'à y penser. Le pauvre employé doit encore en avoir la main toute gluante, il n'avait vraiment pas mérité ça.

Heureusement, 風呂 a développé plusieurs techniques pour supporter la chaleur. 

La première consiste à se lever le plus tôt possible. L'idéal serait 4h30 pour partir dès les premières lueurs de l'aube mais il a du mal et il part en général vers 6h-6h30. Ce qui lui permet déjà de parcourir une belle distance avant les heures infernales lorsqu'il se repose à l'ombre ou visite un musée au frais. Puis il reprend la route pour quelques heures lorsque ça commence à rafraîchir, c'est à dire quand la température tombe sous les 35°.

Lever de camp au lever du jour
La deuxième, c'est d'acheter une bouteille  de boisson de sportif congelée (aquarius, kirin loves sport, pocari sweat ou autre) qu'il trouve dans les kombinis. Il en boit un peu au fur et à mesure qu'elle fond et rempote la bouteille avec l'eau de sa gourde. Comme le sucre ralentit la fonte du liquide, ça lui fait une boisson fraîche pendant une heure ou deux. Il est assez content de son stratagème.

De la sueur de pocari?! Prêt à tout pour se désaltérer !

Une autre technique consiste à se baigner aussi souvent que possible. Les plages qu'il découvre sont plus belles les unes que les autres. Pourtant elles sont toujours quasi désertes à chaque fois.

  Plage avant Fukuoka et après Fukuoka,

Apparemment, les japonais considéreraient la mer comme une source de danger plutôt qu'un lieu de détente. Et lorsqu'ils se baignent, c'est souvent tout habillé car leur autre grand ennemi est le soleil. Quand on les interroge, ils disent que c'est à cause du cancer de la peau. C'est aussi car ils trouvent que les peaux de porcelaine sont plus esthétiques même s'ils ne l'avoueront pas forcément.



 avant Kagoshima et sur Yakushima (lieu de ponte de tortues)

Mais idéalement, ce que 風呂 apprécie particulièrement en cas de fortes chaleurs, ce sont de bons fruits frais, désaltérants et juteux à souhait. L'été il pourrait se nourrir que de ça!

Hélas, au Japon, ce n'est pas vraiment possible : les fruits sont bien trop chers. La demie-pastèque peut atteindre 9€, le melon, 16! Ils vendent les raisins à la grappe et les pêches à l'unité pour 5€.
Ici, les gens s'offrent les fruits comme cadeau. C'est un produit de luxe.
 10€ la grappe de raisin, 8,60€ les 6 clémentines, 5€ la pêche... 

Seules les bananes échappent à cette flambée des prix. Encore heureux car un cycliste sans banane, c'est comme Popeye sans ses épinards ou Astérix sans sa gourde de potion magique!

Bien sûr, 風呂 ne pense plus qu'à manger des fruits. Cette idée ne veut plus lui lâcher la grappe. Il a tellement envie de  fruits qu'il fait des rêves érotiques à base de pêches et de melons: dès qu'il rentre en France, ça va être l'orgie !

Parfois il craque et s'achète des prunes ou des clémentines. Il n'a jamais rien mangé d'aussi délicieux!
Un marchand de fruits lui a offert quelques tranches de pastèque un jour. Le saint homme! Qu'il soit vénéré pour toujours.


Des étals regorgeant de légumes et de fruits bordent la route. Comme d'habitude, 風呂 essaie de ne pas y prêter attention. Il ne peut quand même s'empêcher d'y jeter un coup d'œil en biais. Et, surprise, les fraises sont à 200 yens (environ 2€), le raisin à 100. Que se passe-t-il, serait-il au jardin d'Eden? Non, il traverse le parc national d'Aso Kuju, dans la région volcanique et montagneuse d'Oita.

Les montagnes Kuju
Il ne peut faire autrement que de s'arrêter pour en acheter. Pour que ce soit parfait, il ne lui manquerait plus qu'un endroit tranquille, frais et ombragé, pour savourer ses trésors. Une centaine de mètres plus loin, une magnifique cascade exhausse ses voeux. Décidément, si cette région n'est pas le paradis sur terre, ça y ressemble beaucoup.


Il lave les fruits dans les eaux fraîches et limpides puis s'empresse de les goûter. Les raisins le déçoivent un peu, ils ont une texture de litchi et sont remplis de pépins. Ils feront l'affaire quand-même ! Et les fraises... Elles sont goûtues et sucrées à souhait, en un mot, parfaites !

C'est bien parce qu'on sait que l'eau qui coule le long de ses joues est de la sueur sinon on pourrait croire que ce sont des larmes...

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